Groupes de réflections










La classification des polyèdes réguliers peut être considéré comme l'un des joyau des mathématiques grecques de l'antiquité. C'est notamment l'objet du dernier tome des Eléments d'Euclide. Alors qu'il existe des polygones réguliers à une nombre arbitraire de côtés, il n'y a que 5 polyèdres réguliers. On sait depuis le 19ème siècle, par les travaux du mathématicien allemand Schäffli, qu'en dimension 4 il y a 6 polytopes réguliers (l'un d'entre eux est représenté en projection sur la figure). Ensuite cela se raréfie : il n'y en a plus que 3 en dimension au moins 5.

La compréhension moderne de ce phénomène repose sur la théorie des groupes de réflections. On peut montrer que l'ensemble des isométries d'un tel polytope est un groupe fini qui est engendré par des réflections par rapport à un hyperplan. Au 20ème siècle le mathématicien canadien Coxeter a montré comment classifier de tels groupes, que l'on appelle depuis des groupes de Coxeter, et qui interviennent dans de très nombreuses situations. L'un d'entre eux est simplement le groupe symétrique, qui apparaît comme le groupe des isométries du symplexe régulier (tétraèdre régulier en dimension 3, triangle équilatéral en dimension 2).

De la même façon que l'on peut définir le groupe de tresses comme une extension du groupe symétrique, on peut définir des groupes similaires, appelés groupes de tresses généralisés, à partir de n'importe quel groupe de réflection. De plus, si l'on étend la définition d'un groupe de réflections à un espace vectoriel complexe, on obtient des groupes qui ne relèvent plus en général de la théorie de Coxeter, mais qui ont été également classifié (par les mathématiciens anglais Shephard et Todd, dans les années 1950), mais auquels on peut encore associer des groupes de tresses généralisés.

Ces groupes de réflections `complexes' sont l'objet de nombreuses recherches, de même que les groupes de tresses qui leurs sont associés. J'ai montré notamment que certaines représentations de monodromie du groupe de tresses, dont la représentation de Krammer, admettent une généralisation au cadre des groupes de réflections complexes. Un autre phénomène remarquable est que certaines structures algébriques naturellement associées à certains groupes de réflections définis sur les rationnels (comme le groupe symétrique), et appelées algèbres de Hecke, semblent admettre une généralisation au cadre le plus général des groupes de réflections complexes. Ce sujet est l'objet de conjectures qui restent encore à démontrer.

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